
Titre : Guernica En 1937, le gouvernement républicain alors au pouvoir
Artiste, auteur : Picasso
Technique : huile sur toile
Dimensions : 752 x 351 cm
Lieu de conservation : musée de la Reina Sofia, Madrid
Date : 1937
En 1937, le gouvernement républicain alors au pouvoir (juste avant d'être renversé par Franco) commande à Picasso une toile, pour le pavillon espagnol de l'Exposition Universelle de Paris. Depuis 1936 c’est la guerre civile en Espagne. Elle oppose le gouvernement des Républicains aux franquistes dirigés par le général Franco, qui cherche à prendre le pouvoir.
Le 26 avril 1937 c’est un jour de marché à Guernica. La petite ville basque est la cible d’un raid aérien allemand. A la demande de Franco, quatre escadrilles de la légion Condor bombardent la ville. Un des objectifs de ce raid était de tester leurs nouvelles armes. La Légion Condor était une force aérienne allemande, envoyée par Hitler afin de soutenir le général Franco qui est son allié.
L’objectif n’est pas militaire, le but est bien de tuer un maximum de civils car, dans la ville de Guernica, ne restent que les femmes, les enfants et les vieillards. En effet, les hommes de la ville, partisans des Républicains, sont partis combattre les franquistes. Les bombardements durent trois heures, avec des bombes explosives et des bombes incendiaires, 70% de la ville est détruite. Le raid fait 2000 victimes, essentiellement des femmes et des enfants. Picasso, horrifié par l’évènement, se met immédiatement à la réalisation de son œuvre. Durant deux mois il va travailler activement, et faire une centaine d’ébauches et d’esquisses avant d’achever le tableau.
Que cherche à dénoncer Picasso ?
Picasso, à travers ce tableau, a voulu dénoncer les horreurs des conflits et des guerres, surtout lorsque les victimes sont des civils. Même si un événement précis est à l'origine du tableau, Guernica évoque toutes les guerres, passées et à venir.
Le tableau de Picasso n'est pas la simple illustration d'un événement, mais sa transposition en une succession d'images extrêmement complexes. Les figures représentées par Picasso sont parfois très claires dans ce qu'elles expriment, parfois plus ambigües. C'est cette complexité qui fait aussi la richesse de Guernica.
Le cheval
Presque au centre de la composition, il symbolise, des dires même du peintre, le peuple. Une lance transperce son flanc et le blesse à mort. La tête est rejetée en arrière, la bouche semble hurler et laisse visibles les dents et la langue pointue.
Le taureau
La figure mythique du Minotaure est un motif central de l’œuvre de Picasso. Au milieu de la débâcle il apparaît impassible, statique. Seules la bouche ouverte et la langue pointue lui donnent une expression, et ses yeux sont humains. Il semble fixer le spectateur. C’est une figure ambigüe. Certains y voient une figure de la bestialité et de la cruauté, d’autres le symbole de la résistance.
L'oiseau
A peine visible, entre le cheval et le taureau, il pourrait être une colombe, symbole d'espoir et de paix.
La mère et l'enfant
Cette femme tient son enfant mort dans ses bras, évoquant une pietà, figure de la Vierge pleurant la mort du Christ. La douleur et les hurlements de la mère sont visibles, les yeux et les narines ont des formes de larmes, la langue pointue sort de la bouche hurlante. Le visage, à la fois de face et de profil est renversé, basculé vers le haut, la mère hurle au ciel sa détresse. L'enfant dans ses bras a les yeux vides, la tête et les bras ballants.
Le soldat mort
Il git, démembré, dans le bas du tableau, la tête et un bras sont coupés. Sa main est encore refermée sur une épée brisée C’est la figure du combattant. De cette main sort une fleur, symbole d’espoir et de renaissance. Mais sa fragilité est soulignée par la finesse du contour.
La femme dans les flammes
Elle a les bras levés au ciel, Picasso fait sans doute référence au tableau Tres de Mayo de Goya.
La femme qui fuit
A droite, en bas, une femme se traîne, un genou presque à terre. Tout son corps, mais surtout son visage et son cou démesuré sont entièrement tendus vers la lampe.
La femme à la lampe
D’une maison, une femme surgit vers la gauche et vers le centre de la composition. L’allongement de son bras et de sa tête, de forme effilée, donne une impression de mouvement très dynamique. Elle semble sortir de la ville détruite.
Pourquoi Picasso choisit-il du noir, du blanc et des gris colorés pour réaliser son œuvre ?
Tout d'abord ils évoquent la gravité du sujet. L'austérité et l'absence de couleur peuvent symboliser le deuil et la mort. De plus, le noir et blanc est un rappel du texte et des clichés de Guernica diffusés dans la presse à la suite des bombardements. A quoi servent les contrastes de valeurs ? Les contrastes de valeurs mettent en avant ou dissimulent les formes et les figures. Ces jeux de valeurs structurent le tableau, tout autant que les lignes de composition.
Malgré une impression de chaos au premier abord, Guernica se révèle être une œuvre très travaillée. Le tableau se « lit » d'abord comme une frise, de gauche à droite. Puis on distingue une organisation en triangle. A la base de la pyramide il y a la mort représentée par le soldat, et au sommet l’espoir symbolisé par la lampe. Cette composition en triangle met en évidence une répartition en trois parties qui structurent le tableau. Enfin, on peut distinguer la partie basse du tableau, dans laquelle les formes sont enchevêtrées, horizontales, et qui évoquent la mort et le chaos ; et la partie haute dans laquelle les formes sont au contraire verticales, plus espacées, et qui expriment davantage la vie.
Lors d’une descente de la Gestapo a son atelier parisien un officier demanda à Picasso.
« C’est vous qui avez peint cela. Picasso répondit « Non c’est Vous »
Source : steannemauleon
Photo : Artsper